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  • Photo du rédacteurCanCan&Pâris

Projet d'un Film Documentaire Autobiographique de CanCan&Pâris

Ils se connurent.

Il la connut et se connut lui-même parce que, réellement, il n'avait jusque-là rien su de lui.

Elle le connut et se connut elle-même parce que, en sachant tout ce qu'elle était, elle ne l'avait jusque-là jamais si bien senti.


—— Italo Calvino « Le Baron perché »


Résumé

Ce film documentaire autobiographique, raconté par CanCan et Pâris, déroule un fil de 14 ans de vie autour de l’amour et de la nature, à travers les innombrables journaux-filmés, archives audiovisuelles et écrites. Nous, CanCan, jeune cinéaste et Pâris, passionné de vie sauvage, faisons connaissance à Paris, en 2007. Notre histoire d’amour commence à l’école du cinéma. Puis la vie nous sépare. Dix ans plus tard, nous nous retrouvons et ne nous quittons plus. Mais tout nous oppose, entre orient et occident, ville et forêt, abondance et frugalité, intuition et expression. Ce documentaire dévoile une vraie odyssée de l’amour, à travers ses périples, pour parvenir à un chemin de vie commun, vers une vie harmonieuse. L’amour est-il plus fort que tout ? Quand l’émerveillement et la beauté unissent les flots subtiles de la liberté et de la créativité. Nos aventures sont un alliage sans concession, d’humour et de découvertes, ouvert à la diversité du monde, où le seul vrai guide est l’amour. Entre les moments d’extase et les désillusions, la naissance de notre fille Uma, peu à peu un chemin commun se dessine. Enfin, la vie sauvage et le cinéma se marient. Ce film en est le fruit. Il est la fin de cette histoire et le début de notre vie. L’histoire vraie de notre amour et de notre amour pour la vie.



Synopsis


Amour de jeunesse : cinéma, amour et botanique En automne 2007, CanCan, alors âgée de 19 ans, quitte son pays, la Chine. Elle poursuit son rêve de cinéma à Paris. À l’école du cinéma, elle tombe éperdument amoureuse d’un jeune homme européen, Pâris. La passion dévorante et leurs mondes intérieurs orageux se dévoilent mutuellement à travers des correspondances et des court-métrages d’école de l’époque. Leurs courts-métrages et correspondances évoquent passion et mal-êtres existentiels, et leur permettent de les transcender. Ils ressentent une affinité artistique mutuelle et cherchent ensemble à ouvrir grands leurs yeux sur l’essentiel de la vie et l’amour. Finalement, Pâris change de chemin, il arrête le cinéma et commence à s’intéresser aux plantes sauvages et à la vie dans la nature. Il quitte Paris. Avec regrets, Pâris reconnaîtra bien des années plus tard avoir été incapable de comprendre la noblesse de l’amour de CanCan à ce moment. CanCan reste à Paris, elle poursuit sa profession dans le domaine du cinéma. Elle fait beaucoup d’aller- retour entre la France et la Chine. Pâris réside à Genève et suit une formation ethnobotanique, il passe le plus clair de son temps dans les forêts européennes et expérimente la vie sauvage. Leurs vies se construisent séparément, à part quelques correspondances.

Étincelle de passion : nuit d’amour et évocation d’un projet commun Huit ans plus tard, en 2015, lors d’une rencontre éphémère, ils partagent leurs sentiments, sentiments à la fois intacts et transformés, et vivent une nuit de passion. Sans attentes l’un envers l’autre, Pâris évoque un projet de voyage en sauvage en direction de la Chine. Sur un ton léger, CanCan s’enthousiasme un instant de l’accompagner et filmer ses aventures. Chacun repart dans sa vie.

Amour à travers la Chine : entre deux vies que tout oppose, la passion renaît. Mais un an plus tard, ils craquent. À l’automne 2016, CanCan emménage à Pékin, elle invite Pâris à la rejoindre, sans y croire. Sur un coup de tête, Pâris accepte. Pâris lâche tout et le mois suivant, il arrive en Chine. Pendant trois mois, Pâris s’immerge dans la vie CanCan. Elle l’emmène partout, dans sa vie professionnelle, amicale et familiale. Ensemble, ils sillonnent la Chine du Nord au Sud. Un autre monde se déploie sous les regards ébahis de Pâris : un pays immense peuplé d’une multitude de cultures, des villes géantes où s’enchevêtrent grattes-ciels et routes suspendues, des technologies de l'information omniprésentes dans le quotidien, une diversité alimentaire intarissable, une communauté chinoise accueillante et une jeunesse au mode de vie actif... Entre CanCan et Pâris, les sentiments se tissent et se soudent : ils s’aiment.

Amour impossible : la quête d’un chemin commun L’année suivante, en 2017, CanCan et Pâris font des aller-retours entre la Chine et l’Europe pour passer du temps ensemble : un quotidien citadin Pékinois, des aventures dans les alpes suisses, une excursion dans une forêt oubliée aux pieds de la Grande Muraille de Chine, ou encore un périple sur un volcan en Sicile... CanCan, une cinéaste épanouie, et Pâris, un aventurier sauvage, se retrouvent, loin des convenances et ne veulent plus se quitter. CanCan, sensible à l’originalité de Pâris, est éprise d’un amour absolu, tout au long du temps. Son amour pour cet homme est comme un volcan immergé au fond de l’océan, en constante éruption, invisible mais bouillonnante. À l’automne, CanCan est enceinte. Ils décident de partir vivre en France, dans un vieil atelier de tourneur abandonné, que Pâris a acquis quelques années plus tôt. Malgré une fausse couche, ils persévèrent dans ce choix. Ils souhaitent passer du temps ensemble, dans une bulle, un vaisseau spatial à deux passagers. Ils souhaitent se consacrer l’un à l’autre, et à la créativité. Bien que CanCan n’ait pas réellement confiance en Pâris, elle lâche tout et part vivre avec lui. Ce choix lui demande beaucoup de courage. Au début du printemps 2018, CanCan démissionne de son poste à Pékin. Elle plie bagage et s’installe en France avec Pâris, dans la vieille tournerie délabrée bordée de forêts. Il n’y a ni eau, ni électricité, ni isolation, juste de solides murs et quelques fuites dans la toiture. Une vie commune commence, remplie d’épreuves, de joie et d’amour.

CanCan découvre la vie à la campagne, les travaux, le jardinage. Elle découvre aussi la vie sauvage, les nuits en forêt, la cueillette des plantes sauvages et la cuisine autour du feu. Ils chantent, dansent, explorent le chamanisme. Ils rencontrent la magie. Ensemble, ils traversent défis et peurs. Entre le monde du cinéma, qui bat au cœur des grandes villes comme Paris ou Pékin, et le cœur des espaces sauvages, bien loin de là, CanCan et Pâris cherchent désespérément un chemin commun, qui puisse leur permettre de poursuivre leur passion, tout en partageant leur vie.

Mariage : magie de l’amour et célébration Ils s’immergent dans la magie de l’amour. Pâris demande CanCan en mariage sur un grand magnolia. Ils s’aiment. Ils célèbrent. Ils vivent. Leur cérémonie de mariage est l’occasion de partager leur amour avec leurs proches, la famille et les amis. Ils se marient sur ce même magnolia. Ils passent leur lune de miel au Maroc, s’isolent quelques jours dans le désert du Sahara. Ils rencontrent une famille amazigh qui leur improvise un mariage traditionnel. Ils partagent la voûte étoilée avec un troupeau de dromadaires. Ils vivent des aventures. Ils célèbrent leur amour.

Fruit de l’amour : un enfant Deux mois après leur mariage, à l’automne, CanCan est enceinte, ils vont devenir parents. Cette heureuse nouvelle coïncide avec une période économique difficile. C’est la galère. L'hiver arrive mais la maison est loin d’être prête. Avec les soucis et les vacillements de CanCan en début de grossesse, ils sont contraints de remettre en question leur mode de vie. Ils font face aux difficultés et déménagent dans un appartement, au plus près d’une maternité, pour accueillir leur enfant dans les meilleures conditions. Au cours de la grossesse, CanCan vit un bouleversement psychologique et social, un changement de paradigme existentiel. Pâris la soutient du mieux qu’il peut, tout en jonglant avec les problèmes et les solutions du quotidien. Ils continuent à consacrer du temps à la nature. CanCan accompagne Pâris lors d’immersions dans des lieux sauvages. Elle découvre peu à peu ce mode de vie particulier. Une idée un peu folle germe dans leurs esprits, emmener leur bébé avec eux, et vivre des périodes dans la forêt, en famille. Uma naît le 16 Juin 2019 et pendant un mois, Uma, CanCan et Pâris ne vont plus se quitter. Ils vivent une période cocon de pure extase et d'émerveillement, de pouvoir consacrer ensemble, leur temps et leur amour, à la petite Uma. À l'issue de ce mois, Uma vie sa première immersion en forêt. Cette expérience positive leur donne confiance et les encourage à poursuivre l’idée de la vie sauvage en famille. La petite Uma grandit vite. CanCan et Pâris l’amènent souvent dans la nature. De temps en temps, ils passent revoir leur vieille tournerie à la campagne. Ils décident deux choses, démarrer la vie sauvage en famille, et rénover une partie de la vieille bâtisse. Début mars 2020, la petite famille visite les vieilles forêts de la Corse. Leur retour coïncide avec les premières mesures de confinement dans une ambiance de fin du monde. Ils dédient le printemps à la cueillette de plantes sauvages et à la vie dans la nature. Ils passent de nombreux moments dans les forêts, parfois entre eux, parfois avec des amis, ou en groupes, sous forme de petites tribus. Dans la forêt, d’autres bébés se joignent à la petite Uma. C’est incroyable de voir ces tout petits, à peine assis, êtres si à l’aise dans la forêt, tandis que les mamans discutent de leurs inquiétudes réciproques.

Construction du nid : la tournerie En été les travaux reprennent de plus belle pour s’achever doucement début 2021, date à laquelle ils emménagent à nouveau dans la tournerie. Enfin ils ont un lieu adapté pour vivre et se consacrer à leur passion.

Harmonie : le cinéma et la vie sauvage La vie dans la nature reprend de plus belle. Ils fabriquent leur propre matériel pour passer du temps dans les montagnes : une cape de laine, des mocassins d’hiver et d’été, une petite poche à médecine, un archer à feu, une poterie. Ils partent à la découverte des plus vieilles forêts d’Europe, au plus près du climax écologique, là où la vie est belle et abondante et s’épanouie librement.



Origine du projet

Notre histoire démarre à l’école du cinéma à Paris en 2007. Nous étudions le septième art ensemble et tournons des court-métrages. Nous sommes dans la même recherche, pouvoir exprimer nos univers intérieurs à travers les images et les sons. De par nos affinités artistiques, nous avons l'idée de co-réaliser un court-métrage adapté du récit inachevé de Kafka, Le Terrier. Mais ce projet, et notre histoire d’amour, s’arrêtent au moment où Pâris quitte Paris. Pour Pâris, au lieu de chercher l’inspiration pour raconter des histoires, ce qui l’intéresse surtout, c’est de vivre des histoires, puis peut-être les raconter. Pendant ses périodes dans les forêts, Pâris ne lâche pas sa caméra, pour enregistrer ses observations sur les plantes, et son parcours d’exploration dans le sauvage. Pour CanCan, toute vie mérite d’être racontée. Elle a toujours une sensibilité pour ce qui a trait au monde intérieur et aux processus qui le transforment. Même si pendant de longues périodes, elle travaille dans la production du cinéma, mais elle dépose toujours à la plume son vécu intérieur dans un journal personnel et filme son vécu extérieur avec sa caméra. Puis notre histoire reprend en 2016, au moment où Pâris vient en Chine. Tout au long de ce voyage, nous sommes toujours caméra à la main, sans pour autant avoir un projet précis. Pâris filme naturellement tout ce qu’il voit dans ce monde exotique. CanCan se focalise spontanément sur le portrait de Pâris. La caméra fait désormais partie de notre vie. Nous ne nous lassons pas de filmer notre vie, évoluer dans tous les contextes possibles. Au cours des cinq dernières années, nous accumulons plus de 500 heures de vidéos. Nous tenons ces journaux-filmés sans nous poser de question du pourquoi, pour quel usage. Pour nous, c’est simplement une impulsion intérieure, un jeu entre l’un et l’autre, une manière de s’apprécier et de mieux s’émerveiller de la vie. Depuis notre installation à la campagne en 2018, les amis proches de CanCan en Chine ont des réserves sur son choix d’abandonner complètement sa carrière et sa vie là-bas, comme un saut dans le vide. Ils ne parviennent pas à imaginer notre vie presque ermite, mais ont hâte de savoir à quoi elle ressemble. La meilleure amie de CanCan lui propose de faire un vidéo-blog afin de partager notre vie et garder une sorte de lien avec le monde extérieur. Poussée par cette amie, CanCan commence discrètement cette création. À travers son processus créatif, CanCan expérimente une sorte d'énergie puissante de haute intensité. Le dérushage fait ressurgir chaque instant de notre parcours de vie, instants jusque-là jamais visionnés, vifs et instinctifs. Les écritures dans son journal intime et nos correspondances incarnent une intensité de l’amour, nimbée d’une vraie grâce, et recèlent une force documentaire. D’une part CanCan est immergée dans un esprit vibrant d’amour ; esprit d’amour qu’elle met en valeur dans ses créations. D’autre part, en retraçant le chemin narratif de notre vie, CanCan s’émerveille des bouleversements intérieurs au cours du temps, elle examine avec sincérité nos états d’êtres sous toutes leurs formes, à chaque période de notre vie. Ainsi, pour elle, les deux thèmes principaux sont l’amour et l’évolution intérieure. Lors de ce processus créatif commence à germer l’idée de faire un film documentaire autobiographique qui raconte notre amour et notre parcours. Depuis plusieurs années, Pâris se consacre à la connaissance des plantes sauvages. Convaincu que l’être humain fait partie de la nature, Pâris cherche un chemin de vie au sein du monde sauvage. Lorsque Pâris rejoint CanCan en Chine, il laisse de côté sa quête sauvage et l’assiste dans la pré- production de son film. Il partage néanmoins avec elle ses rêves de nature. Enjouée par la découverte et la dégustation des fleurs sauvages, CanCan entre peu à peu en contact avec son monde. Une fois en France, CanCan et Pâris cherchent un chemin commun. La première fois, c’est un peu par hasard que CanCan accompagne Pâris pour dormir sous les arbres. Mais comment allier le monde du cinéma et celui de la forêt ?

Ce n’est qu’à la naissance de Uma, leur fille, et après une expérience en forêt tous les trois, que CanCan va commencer à s’intéresser à la vie en forêt. L’enfance est l’éveille au monde, le moment où se forment le corps et les sens, où se construisent les relations, à soi, aux autres, à la nature. Comment accompagner notre fille Uma pour qu’elle s’épanouisse pleinement, dans la confiance en elle-même et envers le monde ? Comment éveiller sa capacité à surmonter les difficultés pour devenir un être libre et autonome, fidèle à elle-même, à ses aspirations tout en trouvant sa juste place dans la société ? Comment éveiller en elle la joie et l’amour de la vie ? À ce moment, entre nature et cinéma, nous commençons enfin à entrevoir un chemin commun qui puisse nous épanouir tous les trois. Est-ce possible ? Mais il nous faut d’abord trouver l’espace et le temps pour mettre en place ce projet. L’espace, c’est notre vieille tournerie, notre base de lancement, nous rénovons une partie pour parvenir à un quotidien fluide. Le temps, c’est une comptabilité minimaliste, avec le moins de dépenses possibles, pour s’offrir le temps de réaliser nos rêves. Ainsi notre quête de sauvage reprend de plus belle, ensemble, avec l’idée de passer du temps au sein de la nature. Comprendre ce qu’est la nature, à travers la grande histoire, l’histoire de la Terre et de la vie. Comprendre l’histoire du foisonnement des écosystèmes, l’histoire des forêts et finalement l’histoire de l’humanité et de son impact. Nos pas nous mènent vers les savoirs des peuples sauvages, pour apprendre d’eux, comment vivre une vie agréable dans la nature en famille, bien équipés. Nous filmons nos aventures, pour partager ce chemin ; l’Art de la Vie Sauvage, vivre au sein de la nature et en harmonie avec elle, pour que le vivant retrouve le chemin de l’abondance et pour partager une vie pleine de vie, belle et épanouie. Le chemin commun est là, l’amour au centre, redevenir sauvage, filmer et faire du cinéma ensemble, élever notre fille dans un monde épanouissant, vivre en harmonie avec la nature, créer, apprendre, êtres libres.


L’AMOUR


L’amour comme une unique loi, comme colonne vertébrale de ce film. L’amour est pour nous, dans notre vie, au centre de nos préoccupations ; l’amour amoureux, l’amour passion, l’amour délirant ou l’amour serein, l’amour mûrit et même l’amour platonique ; l’amour avec un grand A ou un petit ; l’amour de soi, l’amour des parents, des enfants ou de l’autre ; l’amour du métier, de la cuisine ou des jolies fleurs ; l’amour dans tous les sens. Mais l’inverse de l’amour n’est pas la haine, c’est l’indifférence, le manque d’estime, la négation de toute valeur. Mais dans le monde d’aujourd’hui, comment trouver l’amour ? Comment même savoir s’il existe ? Tous les enfants qui en ont la chance, aiment spontanément leur maman et leur papa. Malheureusement, l’âge de la fusion, du petit nourrisson au jeune enfant, ne laisse pas de souvenirs. Mais une fois parent, lorsque l’on tient pour la première cette petite chose dans ses bras, l’amour devient plus réel que n’importe quoi d’autre. Comment ne pas l’oublier ? Comment traverser les épreuves de la vie en gardant ce phare allumé ? Placer l’amour au centre, c’est considérer que toute chose a de la valeur, est digne de notre intérêt. Mais c’est aussi accepter la fragilité et l'impermanence des choses, c’est aussi accepter la peur et la tristesse de la perte.


LA RECHERCHE D’UNE VIE COMMUNE HARMONIEUSE

Notre histoire d’amour est une histoire de grands écarts. Au départ, à l’école du cinéma, notre chemin semble commun : le cinéma. Et pourtant, malgré un amour passionnel naissant, l’harmonie est absente. Pâris : Mes études à Paris sont une période obscure, où j’étais en conflit avec moi-même, la culpabilité se mêlant aux questionnements existentiels. La pente glissante des frais d’écolage, les difficultés de logement, l’environnement urbain perçu comme agressif me poussent inexorablement sur le chemin des forêts, synonyme de bien-être. Dans mon souvenir, ma rencontre avec CanCan a toujours été une rose carmin au milieu des pots d’échappements. Mais dans ma détresse et mon manque de confiance en moi, je n’ai pas réalisé à quel point cette jolie rose était éprise de moi. Au contraire, j’avais plutôt l’impression de la tirer vers le bas, de l’entraîner dans l’obscurité. Inversement, lors de nos retrouvailles en Chine, après 9 ans de maturation, son amour m’est apparu comme extraordinaire. La rose carmin s’est muée en un univers infiniment complexe et magnifique. J’ai basculé, happé, envahi par cet amour, tel un virus, le virus de l’amour. Mais mon chemin était maintenant loin du cinéma, loin des villes, loin de la Chine. Je ne rêvais que de me défaire de toute trace de civilisation et de passer ma vie parmi les vieux arbres et les petites fleurs. Très vite ma décision était prise, cet amour, par sa beauté et sa rareté, je le placerai au centre, et pour le reste, nous verrons. Bien sûr, chassez le naturel, il revient au galop. Ainsi a commencé notre tango amoureux entre cinéma et vie sauvage, sans préconception, au fil de la vie. En racontant notre vie, ce film raconte notre recherche d’harmonie. La charpente de cette harmonie, qui correspond plus ou moins à nos moments et sujets de crise, est bâtie sur : un amour bien vivant, bien nourri, une écoute réciproque et bienveillante ; un équilibre dans les rôles, rôles plutôt interchangeables ; un épanouissement professionnel de part et d’autre ; un quotidien bien organisé, bien rythmé, serein ; une comptabilité saine. Le but est de trouver un chemin commun qui ne sacrifie personne, où les passions se mélangent, où chaque protagoniste peut s’épanouir dans les domaines qu’il souhaite, tout en préservant cet amour. La fin du film correspond au climax de cette recherche, à sa résolution. Le film lui-même incarne la réussite du mariage entre la vie sauvage et le cinéma.

LA NAURE & LE SAUVAGE


Pâris : À la source de cette quête de sauvage, il y a simplement un sentiment de bien-être qui jaillit à chaque pas au cœur des forêts. Le chalet de ma grand-mère, seul repère fixe de mon enfance, a été bâti par mon arrière grand-père, à l’orée de la forêt du Risoud. Si aujourd’hui le célèbre botaniste Francis Hallé, qui souhaite recréer une forêt primaire en Europe, choisit en premier lieu cette forêt, ce n’est pas par hasard. Depuis nouveau-né, ma mère m’y conduit, pour me calmer, cueillir fraises, framboises et myrtilles sauvages ou même réviser ses examens. Bien que d’essences sélectionnées et exploitées, c’est une très ancienne forêt, une des rares forêt jamais mise à blanc au cours de l’histoire. Elle n’a donc pas été terrassée pour faire pâturer les vaches, ni planter des cultures. D’aspect, elle est un fracas de roches couvertes de mousses et de myrtilliers, sur lesquelles s’accrochent épicéas, sapins, hêtres et sorbiers, pour ne citer qu’eux. Le terrain accidenté, où alternent monticules et combes, parois rocheuses et lésines, orientées tout azimuth, héberge une végétation luxuriante et diversifiée. Des petites pelouses d’aspérules odorantes et de laîches, dans les

grands bois clairs, jusqu’aux mégaphorbiais humides tapissant les fonds de plantes géantes, cette forêt nous enchante tel des petits lutins. Si le printemps baigne dans les chants d’oiseaux, le reste de la saison, dans cette forêt, un silence absolu règne en maître. Quel bien-être ! Quelle beauté ! Été comme hiver. Mais, ne sommes-nous pas partie intégrante de cette nature ? Pourquoi la beauté de la pâquerette est-elle si évidente, tandis que celle d’un périphérique demande quelques efforts ? N’est-il pas possible de vivre parmi cette beauté, parmi nos cousines les espèces sauvages, notre famille, le vivant, sans le dénaturer ? Est-il possible de passer sa vie en balade, sans retour, ni toits, ni magasins ? Est-il possible d’y vivre de façon douce et agréable, en famille, en tribu, avec femmes, enfants et anciens ? Cette quête, amorcée à la même époque que ma rencontre avec CanCan, va peu à peu, au cours de notre histoire d’amour, emprunter un nouveau chemin. La quête naïve et solitaire va devenir, aux détours des besoins familiaux, un chemin incontournable vers l’harmonie entre l’être humain et la nature.


ÊTRES PARENTS


Si au démarrage, le film gravite autour de la passion amoureuse, le sujet de l’enfance et de la parentalité apparaît au moment de la grossesse puis de la naissance de Uma. Pâris : Suis-je capable d’être père ? Puis-je accueillir un enfant dans ma vie ? J’avais déjà l’intuition que la qualité de nos relations serait la clé d’une enfance heureuse et épanouissante, que l’amour serait l’ingrédient essentiel de cette cuisine. À cette époque, je suis tombé par hasard sur un article illustré d’une maman gorille et son petit, né récemment au Zoo de Berne : “Sa mère ne le lâchera pas avant ses deux ans”. Les gorilles sont aussi des hominines, très proches de nous. Et comme le reste des espèces sauvages, ils ne s’encombrent pas de bric à brac, ils vivent à l’essentiel. Et l’essentiel pour leur vie, c’est la présence. Remonter le fil de notre histoire jusqu’à nos origines sauvages c’est découdre la liste des objets nécessaires à la vie quotidienne. Le minimalisme matériel est une constante du monde sauvage. Il permet d’ailleurs de maximiser l’espace occupé par ce qui est vivant, mais c’est un autre sujet... Je m’inspire de l’anthropologie des peuples sauvages, de la paléoanthropologie, de la primatologie, ou encore de l’éthologie, ou simplement je m’imagine dans un environnement forestier avec un minimum d’objets, sans poussettes, ni barreaux. Mais que vais-je faire de mon bébé ? Peut-être le poser sur un endroit vraiment doux et mœlleux comme un tapis de mousse. Pourquoi pas un moment ? Si je reste près de lui. Je vais donc le tenir essentiellement dans mes bras. Si l’on regarde une maman chimpanzé, où les autres membres de la troupe - car ils se relaient les enfants - on s’aperçoit que les parents sont eux même en motricité libre. Ils n’enseignent rien du tout, ils vivent et l’enfant imite. Leurs corps en tous sens offrent à l’enfant non seulement la sécurité, la chaleur, le réconfort, les bienfaits du peau à peau, mais également une diversité de positions, en mouvements constants, permettant le développement spontané d’une musculature complète tout en préservant la souplesse du nourrisson. Ainsi le corps de l’adulte fait partie intégrante du terrain de jeu de l’enfant, de sa motricité libre, ce qui ne l'empêche pas quelques escapades solitaires pour sucer quelques cailloux ou grimper sur un tronc. Finalement, l’Art de la Vie Sauvage est devenu mon outil le plus précieux pour accueillir ce petit être le plus respectueusement possible.

Le garder dans mes bras nus, ou contre moi, le plus souvent possible ; dans les bras, sur le bras, sur le ventre, sur le dos, en portage avec une écharpe, devant, derrière, gigoter dans tous les sens, avec douceur. Ainsi, tout contre moi, je peux l’emmener découvrir la diversité du monde vivant.



LA TOURNERIE

Depuis notre installation en France, au printemps 2018, la tournerie est devenue un sujet récurrent de notre vie. Au départ, en juillet 2017, Pâris acquiert une ancienne tournerie abandonnée dans le seul but de stocker du matériel. Finalement nous décidons d’emménager dans la tournerie et de passer du temps ensemble, dans ce lieu tranquille et isolé, peu coûteux, pour se consacrer à la créativité et à l’amour. Cette tournerie est un havre de paix, au bout d’une impasse, avec un joli jardin bordé de forêt. Mais c’est aussi une bâtisse en piteux état, sans eau, ni électricité, ni isolation, avec juste des murs solides et quelques fuites dans la toiture. À l’intérieur s’entassent 100 ans de vieux objets, de chutes de bois et de poussière de sciures. Le nettoyage commence. Ainsi, à la faveur du printemps, la vie dans le jardin est agréable et enthousiaste. Mais la vie quotidienne se révèle compliquée, par le manque d’eau et d’électricité, chaque geste du quotidien devient long et compliqué. Nous ne parvenons pas à nous plonger dans la créativité. Les scènes de rénovation viennent illustrer le film. Finalement, la tourneriez est prête. Nous pouvons enfin nous consacrer à nos vrais passions.



Note de réalisation

NARRATION Nous privilégions une démarche romanesque, poétique et introspective, construite sur une narration à double point de vue, en reconstituant le journal intime de CanCan, les lettres de Pâris à CanCan et les récits rétrospectifs de chacun, qui traversent toutes les péripéties au cours de notre histoire d’amour. Les correspondances de Pâris sont sincères, poétiques et passionnels, souvent sous forme de poème. Ils évoquent une pureté de son amour pour CanCan, la joie que cet amour lui apporte, ainsi qu'une particularité par rapport à sa relation avec la nature. Comme dans le texte suivant: « La forêt est mon extérieur, et toi mon intérieur. Le soleil, le vent et l’eau me lissent. Comme les caresses de ta peau. Chaque plante, chaque fruit me donne son énergie. Chacun de tes sourires, de tes regards me donne vie. Mes mots s’essoufflent à ton approche univers merveilleux. Dont me voilà absolument Amoureux » (Extrait du Lettre de Pâris à CanCan, Pendant son immersion en Corse, 2019/03/11) Les textes dans le journal intime de CanCan, écrits en chinois, jamais traduit en français sont donc inaccessible pour Pâris, jusqu’à l'occasion de ce film. Ses textes sont plutôt romancés, sentimentaux et introspectifs, ils dévoilent sa passion brûlante pour Pâris, avec toute la complexité du sentiment amoureux, ainsi qu’une sensibilité spirituelle dans son intériorité. Les textes du journal intime de CanCan sont écrit parfois à la première personne, parfois à la troisième personne. Le récit rétrospectif, qui offre un regard sur notre vécu au présent, sera notre travail d’écriture prioritaire. D’un côté, les chapitres et les séquences fragmentaires s’articulent afin d’offrir une meilleure cohérence narrative, et de nuancer le double point de vue entre nous comme une danse de tango. De l’autre, ils ouvrent la dimension réflexive sur notre propre existence, en relevant délicatement certains thèmes essentiels comme la valeur intemporel, les rapports humains et la nature, l’amour et la vie. Nous concevons cette narration intériorisée par une voix-off qui ruisselle sur les images documentaires réelles de notre vie, entraînant le spectateur dans son flot, une odyssée sensitive autant que réflexive. Notre travail d’écriture procède à une reconstruction romanesque, des regroupements thématiques, pour effectuer dans le même temps, le pré-montage des images du film, afin de prévoir et stimuler l’effet d’interaction entre l’élément audiovisuel et le texte dans un plan d’ensemble.

IMAGE La réalité de notre histoire constitue un immense puzzle d’images éparses. Pourtant, ces enregistrements sont les traces visuelles de notre vie, au fil des ans, monstrueusement abondantes, et nous permettent une voie d’accès immédiate à notre passé. Les images qui illustrent notre histoire dans ce film, seront sélectionnées parmi plus de 500 heures de nos journaux filmés, en format 4K ou HD, qui contiennent une chronique quotidienne dans toutes sortes de situations, événements et environnements de notre vie, depuis 2016 jusqu’à aujourd’hui. Ces images sont filmées par nous-même, d’une façon spontanée et authentique, et en même temps esthétique et diversifiée cinématographiquement. Ces images sont focalisées majoritairement sur nos portraits du présent, réels et vifs. Elles sont parfois surprenantes et drôles, parfois intimes et bouleversantes, presque comme une fiction, dans le sens que la vie est naturellement pourvoyeuse de péripéties.

Certaines images filmées ont une dimension presque onirique, notamment quand nous sommes dans la nature, sensiblement envoûtantes, elles seront très présentes dans le film. Une minorité des images filmées par les autres, se focalisent sur nous deux dans certains événements comme le mariage, avec un point de vue à la troisième personne. Les autres images qui nous présentent tous les deux en même temps, sont faites en fixant la caméra quelque part. Le reste des images ont fortement un point de vue subjectif de chacun de nous deux, soit sur l’un et l’autre, soit dans l’observation et la contemplation du monde. Ce sont tous ces enregistrements précieux, de notre vie un peu hors du commun, qui constituent la matière première du film. À part ça, des archives comme les court-métrages que nous réalisons à l’époque de l’école, et des documents photographiques sont des images complémentaires pour le film. Notre travail consiste à réorganiser les images, dans un agencement narratif qui pourrait lisser la nature fragmentaire des prises de vues. En claire, ce film ne sera pas une auto-représentation en reconstituant nos images chroniques, mais dans sa définition restrictive, fidèle à son étymologie formée des mots « auto » (soi), « bio » (existence) et « graphie » (écriture, enregistrement) , un récit de notre vie réelle qui fait partie de notre propre existence. Dans son ensemble, l’esthétique du film est réaliste et expressionniste.

STRUCTURE Dans ce film, la narration s'étend sur quatorze ans, de 2007 à 2021. La région géographique s'étend entre l’Occident à l’Orient, de la métropole en passant par la campagne, jusqu’à la nature sauvage. Les étapes de la relation amoureuse, de l’amour de jeunesse, à l’amour rompu et absent, à l’amour retrouvé, à l’amour véritable. De la passion, à la lutte et à l’adaptation, à l’emménagement, à l’engagement, au fait d’avoir un enfant, à l’épreuve, à l’harmonie. Les étapes de la vie s'étendent de la jeunesse à l’école en apprentissage, au parcours de la profession en quête d’identité dans la société, aux voyages et aventures en explorant le monde, à construire un couple et à être parents en éprouvant toute sorte de défis, jusqu’à la création d’un nouveau mode de vie, épanoui, et tout en harmonie avec la nature. Dans les grandes lignes, le film se compose de quatre chapitres. Le premier chapitre commence par nos retrouvailles en Chine en 2016, notre pré-histoire d’amour blessé de 2007, en Europe, se dévoile peu à peu. Puis se déroule notre histoire du recommencement, à travers nos aventures entre orient et occident, loin de la convenance, où nous décidons de construire une vie commune. Le deuxième chapitre traite d’une période de climax dans notre relation amoureuse, remplie de merveilleux et de magique, depuis notre installation à la campagne en France en 2018, au mariage, jusqu’à la fin de notre lune de miel. Le troisième chapitre suit progressivement une phase d'épreuve de notre vie, la galère économique, la crise existentielle et le défi relationnel, depuis être enceinte jusqu’à être parent en 2019, en interrogeant notre mode de vie et chemin commun.

Le dernier chapitre montre le parcours de notre recherche et expérimentation concrète vers une autre façon de vivre, épanouie et tout en harmonie avec la nature. Dans chaque chapitre, la construction conserve la datation et l’aspect fragmenté du journal filmé, se compose d’une juxtaposition de micro-récit et respecte scrupuleusement l’ordre chronologique des événements.

SON & MUSIQUE Dans ce film, le son et la musique participe pleinement au récit filmique, et influence fortement la perception au niveau émotionnel. Voix-off Des extraits des lettres de Pâris à CanCan, lisant par la voix-off de Pâris. Et des extrait de journal intime de CanCan, fidèle à son origine, lisant en chinois par la voix-off de CanCan. Ça crée subtilement une dimension immergé d’intériorité du présent de chacun, avec une force émotionnelle et sensorielle. Par contre, les récits rétrospectifs par la voix-off de chacun ont une nature de mettre à distance du présent, ils se convoquent le passé et au final se livrent à une profonde introspection. Ces deux types de voix-off se distinguent facilement par la façons d’expression différente du texte et de la voix. Musique Nous envisageons créer différentes thèmes de musique, considérées comme un élément narratif à part entière. Nous privilégions de mélanger différents genres de musique pour matérialiser la variation de l’espace temps et l’évolution de l’état d’esprit de personnage dans le film. Il y aura un thème principal pour accompagner la subtilité intérieure et l’amour sentimental, comme la musique du genre post-minimalisme, avec une mélodie subtile, un peu mélancolique. La partie de vie citadine et des aventures rythmés est accompagnée par une musique qui donne une ambiance éthérée, aérienne, au confluent entre l'électro-ambient et la techno minimale. Dans la partie où nous sommes dans la nature, on entends les sons de la nature : chante, craque, siffle, crisse, vibre. La musique amorce aussi la transition sonore entre l’interaction de la voix-off et de l’image.


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Pour nous, créer ce film, c'est simplement un partage, en célébrant, en chantant un hymne à la vie et à l'amour.

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